Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

réjoui quelque temps, le jeune homme se tourna de mon côté et me dit :

« Mon cher monsieur, nous ne devons pas vous oublier au milieu de la fête du revoir : nous pourrons encore, nous autres, babiller ensemble des jours entiers, et vous devez partir demain. Mettons monsieur au fait de notre industrie. Il connaît le collage et l’ourdissage : montrons-lui le reste. Ces jeunes filles voudront bien m’aider. Je vois que l’on va monter une pièce sur ce métier. »

C’est à quoi était occupée la fille cadette, dont nous nous approchâmes ; l’aînée retourna à son métier, et poursuivit son travail rapide avec une grâce tranquille.

J’observai soigneusement le montage. Pour l’exécuter, on fait passer en ordre les portées à travers un grand râteau, aussi large que l’ensouple sur"1aquelle’on Sc-’if^inoiiter la pièce. L’ensouple^est percée d’une rainure, dans laquelle se loge une baguette ronde, qui est passée à travers tes extrémités de la chaîne et assujettie dans la rainure. Un petit garçon, ou une petite fille, assis sous le métier, tient fortement la chaîne, tandis que la tisseuse tourne l’ensouple avec un levier, et veille en même temps à ce que tout se dispose en bon ordre. Quand le montage est achevé, on pousse, à travers la croisée, une baguette ronde et deux plates, afin qu’elle se maintienne ferme. Alors on commence à nouer.

11 est resté à la deuxième ensouple à peu près un quart d’aune de la pièce précédente, avec les fils, longs de trois quarts d’aune à peu près, qui passent à travers le peigne fixé dans le battant, aussi bien qu’à travers les lames de l’outil. A ces fils, le tisserand attache soigneusement ceux de la nouvelle chaîne, l’un après l’autre, et, quand il a fini, il fait tout passer à la fois, de sorte que les nouveaux fils arrivent jusqu’à l’ensouple antérieure, encore vide ; on renoue les fils rompus ; la trame est roulée sur de petites bobines, proportionnées à la navette, et l’on passe au dernier préparatif du tissage, savoir au collage de la chaîne.

Dans toute l’étendue du métier, la chaîne est humectée au moyen de brosses que l’on plonge dans une colle liquide, préparée avec de la peau de gants ; ensuite on retire les baguettes