Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

mousse et d’écorce, des ponts et des siéges de branchages, attestèrent la diligence avec laquelle nous avions pris à tâche de reproduire une architecture toute grossière et toute primitive au milieu du monde civilisé.

« Avec le progrès des années, ce goût me conduisit à m’occuper plus sérieusement de toutes les choses qui sont utiles aux hommes et indispensables dans leur situation présente, et mes longs voyages en prirent un intérêt particulier.

« Or, comme c’est l’ordinaire que l’homme poursuive sa mar- . che dans la voie où il a fait quelques progrès, je me sentais pour la mécanique moins de goût que pour les travaux manuels, dans lesquels nous exerçons à la fois la force et le tact : aussi m’arrétais-je volontiers dans les lieux où, selon les circonstances, on se consacrait à’tel ou tel travail. Cela donne à toute réunion une physionomie particulière, a chaque famille, à une petite peuplade, composée de quelques familles, le caractère le plus prononcé : on se sent vivre véritablement au milieu d’une société vivante.

« Je m’étais d’ailleurs accoutumé à tout noter, en accompagnant mes notes de figures, et à passer ainsi mon temps d’une manière louable et récréative, non sans songer à l’emploi que je pourrais faire un jour de ces souvenirs. - « Ce goût, cette aptitude développée par l’exercice, je m’en suis servi avantageusement dans l’importante mission que notre société m’a confiée, d’étudier la situation des habitants de la montagne, et d’enrôler dans nos rangs ceux qui désiraient voyager et pouvaient nous être utiles. Voulez-vous maintenant, tandis que diverses affaires me réclament, passer cette belle soirée à parcourir une partie de mon journal ? Je ne veux pas assurer qu’il soit agréable à lire : il m’a toujours semblé intéressant, et même assez instructif ; mais chacun est toujours disposé à Se mirer dans son ouvrage. »