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un si vif intérêt, que le gardien, qui, pour en finir selon l’usage, avait commencé à me réciter sa kyrielle, et qui était préparateur lui-même, sortit bientôt de son rôle, et se produisit en savant démonstrateur.

« Quel admirable contraste, de voir devant moi, au milieu de l’été, dans des salles autour desquelles régnait une chaleur étouffante, les mêmes objets dont on ose à peine approcher pendant les rigueurs de l’hiver ! Ici tout satisfait commodément le désir de la science. Le gardien m’exposait tranquillement et dans le plus bel ordre les merveilles de l’organisation humaine, et s’applaudissait de pouvoir me convaincre que ces préparations étaient parfaitement suffisantes pour commencer l’étude et pour en garder le souvenir. Après quoi chacun était libre, dans l’intervalle, de s’attacher à la nature, et d’étudier, dans l’occasion, telle ou telle partie spéciale. Il me pria de lui donner des recommandations, car il n’avait fait encore de collection pareille que pour un grand musée étranger ; les universités s’opposaient absolument à l’entreprise, parce que les maîtres d’anatomie savaient bien former des prosecteurs, mais non point des proplastes[1].

« Je croyais donc cet habile homme unique au monde, et vous nous apprenez qu’un autre s’occupe des mêmes travaux. Qui sait s’il ne s’en produira pas un troisième et un quatrième ? Pour ce qui nous regarde, nous encouragerons la chose. La recommandation doit venir du dehors, et nous favoriserons certainement cette utile entreprise dans notre nouvelle société. »

  1. Puisque nous avons l’adjectif proplastique, pourquoi n’admettrait-on pas le substantif ? Au reste, il fallait conserver le mot ou renoncer à traduire la phrase.