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le bruit des cloches, et il se rendit à la petite ville. La messe venait de finir, et, parmi les habitants et les campagnards qui sortaient en foule de l’église, il reconnut trois des personnes de la veille, un charpentier, un maçon et un garçon servant. Plus tard, il remarqua justement les trois autres parmi les fidèles protestants. Comment le reste avait rempli ses devoirs religieux, c’est ce qu’il ne put savoir : seulement il crut pouvoir conclure que, dans cette société, régnait une parfaite liberté de religion.

A midi, l’administrateur vint au-devant de lui à la porte du château, pour le conduire, à travers plusieurs chambres, dans une grande salle d’attente où il le fit asseoir. Beaucoup de gens passèrent devant eux et entrèrent dans une salle attenante. Les personnes déjà connues étaient du nombre ; Saint-Christophe lui-même passa ; tous saluèrent l !administrateur et l’étranger. Ce qui le surprenait le plus, c’est qu’il croyait ne voir que des ouvriers, tous dans leur costume ordinaire, mais vêtus avec une parfaite propreté ; un pefit nombre seulement lui semblaient être tout au plus des secrétaires.

Quand tous les convives furent arrivés, l’administrateur conduisit notre ami, par une belle et grande porte, dans une vaste salle, où se trouvait servie une table immense. On le fit remonter jusqu’au haut bout, qu’il voyait occupé par trois chefs. Mais de quel étonnement ne fut-il pas saisi, lorsque, s’étant approché, il reconnut Lénardo, qui lui sauta au cou ! Il ne s’était pas remis de cette surprise, qu’un second ami l’embrassa avec autant d’ardeur et de vivacité : c’était l’espiègle Frédéric, le frère de Nathalie. La joie des trois amis se communiqua à tous les convives ; un cri d’allégresse et de bénédiction retentit dans toute l’assemblée. Puis aussitôt, lorsqu’on se fut assis, tout devint silencieux ; le repas fut servi et se passa avec une certaine solennité.

Vers la fin du diner, Lénardo donna un signal ; deux chanteurs se levèrent, et Wilhelm fut bien surpris d’entendre répéter son chant de la veille, que, pour l’intelligence de la suite, nous jugeons nécessaire de reproduire ici :

De la montagne aux collines, et le long de la vallée, résonne comme un bruit d’ailes et s’éveille comme un chant : cette im-