trouble ? Pourquoi n’ai-je pas eu assez de présence d’esprit pour le retenir sous un prétexte .convenable ?
Après une pause, je reprends la plume pour continuer mes aveux. L’inclination décidée et durable d’un enfant qui devient un jeune homme m’avait flattée ; mais il m’est revenu à l’esprit qu’il n’est point rare de voir ses pareils s’attacher à des femmes plus âgées. Véritablement, les très-jeunes hommes ont un penchant mystérieux pour les femmes d’un certain âge. Quand cela ne me concernait pas moi-même, j’en riais, et je prétendais malicieusement avoir découvert que c’étaient de tendres souvenirs de nourrices, dont ils ne s’étaient pas encore bien détachés. Aujourd’hui je répugne à me représenter ainsi la chose ; je fais redescendre le bon Félix jusqu’à l’enfance, et sans me voir pourtant moi-même dans une position avantageuse. Ah ! quelle différence dans les jugements que nous portons sur nous et sur les autres !
CHAPITRE XII.
Wllhelm à Nathalie.
Voici plusieurs jours que je me promène sans pouvoir me résoudre à prendre la plume. J’ai tant de choses à te dire ! De vive voix, cela s’enchaînerait ; une chose en amènerait aisément une autre : permets donc a l’exilé de commencer par les choses les plus générales : elles finiront peut-être par me conduire au singulier récit que j’ai à te faire.
Tu as entendu raconter l’aventure du jeune homme qui, se promenant un jour sur le rivage de la mer, trouva une cheville . à rame : l’intérêt qu’il prit à sa trouvaille le conduisit à fabri-