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et d’utiliser, non plus par jours et par heures, mais en vue d’un véritable et complet développement, le pèlerinage qui lui était imposé.

Un hasard voulut qu’il n’eût pas besoin de beaucoup de paroles, car un événement important procura à notre ami l’occasion d’employer, avec adresse et bonheur, le talent qu’il avait acquis, et de se montrer vraiment utile à la société humaine.

Quel était ce talent, nous ne pouvons le divulguer encore, mais le lecteur en sera bientôt suffisamment instruit.


CHAPITRE XI.

Hersllie & Wllhclni.

Tout le monde m’accuse depuis longtemps d’être capricieuse et bizarre. Si je le suis, ce n’est pas ma faute. Les gens ont dû prendre patience avec moi, et maintenant il faut que moimême j’use de patience avec mon imagination, qui me représente le père et le fils, tantôt ensemble, tantôt successivement. Me voilà comme une innocente Alcmène, incessamment visitée par deux êtres, qui sont la parfaite image l’un de l’autre.

J’ai beaucoup de choses à vous dire, et pourtant, si je vous écris, il semble que ce soit seulement quand j’ai une aventure à vous raconter : tout le reste est, j’en conviens, assez aventuré, mais n’est pas aventure. Voici celle d’aujourd’hui.

Je suis assise sous les grands tilleuls, et j’achève justement un petit portefeuille, très-joli, sans savoir clairement qui l’aura du père ou du fils, mais décidée à l’offrir à l’un ou à l’autre. Tout à coup, je vois s’approcher un jeune colporteur, avec des corbeilles et des cassettes : il me fait voir modestement, par un écrit du bailli, qu’il lui est permis d’aller de maison en maison