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On rappelait la nécessité de principes fixes dans les autres arts.

Le musicien pardonnerait-il à un élève d’attaquer la corde brusquement, ou de se permettre même des intervalles à son gré ? Ici on s’étonne que rien ne soit laissé au caprice du disciple : l’élément dans lequel il doit agir lui est-positivement assigné ; l’instrument dont il doit se servir est placé dans sa main ; il se voit même prescrire la manière dont il doit s’en servir, je veux dire le changement de doigts, afin qu’un membre fasse place à un autre membre et prépare à son successeur le droit chemin, et cette coopération régulière rend seule possible l’impossible.

Et ce qui justifie surtout nos sévères exigences, nos règles absolues, c’est que le génie, le talent naturel, est le premier à les comprendre et s’y soumet le plus volontiers. C’est le demitalent qui seul voudrait mettre son individualité bornée à la place de l’absolue universalité, et colorer ses fausses conceptions du prétexte d’une originalité et d’une indépendance indomptables. Mais c’est là ce que nous ne souffrons point ; nous préservons au contraire nos élèves de tous les faux pas, qui égarent et dissipent une grande part de la vie, et quelquefois la vie tout entière.

C’est au génie que nous aimons surtout à nous adresser, car il est animé du bon esprit de reconnaître bientôt ce qui lui est avantageux. 11 comprend que l’art s’appelle de ce nom, précisément parce qu’il n’est point la nature ; il se plie au respect même de ce qu’on pourrait nommer conventionnel. En effet, que faut-il entendre par là, sinon que les hommes les plus éminents se sont accordés à reconnaître le nécessaire, l’indispensable, comme ce qu’il y a de meilleur ? Et ne tourne-t-il pas constamment à notre avantage ?

Nous avons rendu beaucoup plus facile la tâche des maîtres, en introduisant et inculquant ici, comme dans toute notre institution, les trois respects et leurs signes extérieurs, mais avec quelques modifications, conformes à la nature de l’oecupation principale.

En poursuivant sa promenade, le voyageur admirait de voir que la ville semblait s’étendre toujours, les rues se développer