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L’abbé à Wilhelm.

Votre lettre, bonne et sage, a failli, contre votre intention, nous faire beaucoup de mal. Votre peinture de la femme que vous avez retrouvée est si touchante et si pleine d’attrait, que notre ami fantasque aurait volontiers tout quitté pour la chercher à son tour, si les plans que nous avons désormais arrêtés n’étaient pas si grands et d’une si vaste portée. Mais il a soutenu l’épreuve, et nous sommes assurés qu’il est complétement pénétré de cette affaire importante, qu’il se sent détourné de tout le reste et entraîné vers cet unique objet.

Après un plus mûr examen, nous avons découvert dans nos relations avec les nouveaux amis que vous nous avez procurés, de beaucoup plus grands avantages pour eux et pour nous qu’on ne l’avait pensé. Car on a projeté, dans ces derniers temps, à travers une contrée moins favorisée de la nature, et où se trouve une partie des domaines que l’oncle de Lénardo lui abandonne, un canal, qui passera aussi à travers nos possessions, et qui, si nous unissons nos efforts, augmentera la valeur de ces terres d’une manière incalculable.

Par là il pourra satisfaire aisément son inclination dominante, qui est de prendre les choses à l’origine. Il se trouvera sur les deux bords de ce canal assez de terres incultes et inhabitées ; là pourront s’établir des fileuses et des tisseuses, des maçons, des charpentiers et des forgerons, et l’on pourra leur construire des ateliers convenables ; tout s’exécutera de la première main, tandis que, nous autres, nous entreprendrons de résoudre les difficultés, et que nous saurons seconder l’élan de l’activité.

Telle est donc la première tâche de notre ami. Il nous arrive sans cesse de la montagne des plaintes nouvelles sur l’accroissement de la disette, et, dans ces quartiers, la population paraît être surabondante. Il ira les visiter, juger les hommes et les choses, et recevoir dans notre courant les gens laborieux, capables d’être utiles à eux-mêmes et aux autres.

Pour ce qui regarde Lothaire, je puis vous annoncer qu’il prépare la conclusion définitive. Il a entrepris un voyage chez