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— Non pas directement, mais d’une manière indirecte, depuis quelque temps. Voyez l’adresse.

— Nouvelle énigme ! A Macarie ! la plus discrète des femmes !

— Et, par cette raison, la confidente, le confesseur, de toutes les âmes affligées, de toutes celles qui se sont égarées, qui désirent se retrouver et ne savent à qui s’adresser.

— Dieu soit loué, s’écria le major, qu’une pareille entremise se soit trouvée ! Ce n’était pas à moi de la solliciter : je bénis ma sœur de l’avoir fait. Moi aussi, je sais, par des exemples, que cette femme excellente, en présentant aux malheureux comme un miroir magique, leur a fait reconnaître, à travers leur extérieur troublé, leur âme belle et pure, les a réconciliés tout d’un coup avec eux-mêmes, et les a fait entrer dans une vie nouvelle.

— Ce service, elle me l’a aussi rendu, » reprit la belle veuve.

Et, dans ce moment, notre ami sentit, sans se l’expliquer encore, mais sans pouvoir en douter, que cette femme, d’ailleurs si remarquable dans son individualité, manifestait un caractère d’une grande beauté morale, fait pour éprouver et pour inspirer la sympathie.

« Je n’étais pas malheureuse, mais inquiète, poursuivit-elle ; je ne m’appartenais plus, et cela ne s’appelle pas être heureux. Je ne me plaisais plus à moi-même ; j’avais beau m’ajuster devant mon miroir, il me semblait toujours que je me déguisais pour une mascarade : mais, depuis que Macarie m’a présenté son miroir, depuis que j’ai reconnu comme on peut se parer de ses propres vertus, je retrouve en moi la véritable beauté. »

Elle parlait ainsi entre le sourire et les larmes, et, il faut l’avouer, elle était plus qu’aimable, elle paraissait digne de respect, (ligne d’une éternelle affection.

« Maintenant, mon ami, il faut nous décider promptement. Voici les lettres : pour les lire et les relire, pour vous recueillir et vous préparer, prenez une heure encore, si vous voulez ; quelques mots nous suffiront ensuite pour nous résoudre. »

Là-dessus la dame quitta le major pour se promener au jardin. Le major lut cette correspondance de la baronne avec Macarie : nous ne ferons qu’en indiquer le contenu. La baronne se plaint de la belle veuve ; on voit comme une femme en consi-