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toutes ses qualités aimables, qui l’avaient rendu quelque temps nécessaire à la belle veuve aussi bien qu’à son entourage, et qu’une demande péremptoire de sa main avait pu seule obscurcir pour jamais.

Dans de pareilles dispositions, on pouvait fort bien attendre l’arrivée du père ; la saison amena aussi des événements qui provoquèrent chez les habitants du château une activité nouvelle. Les pluies continuelles, qui les avaient jusqu’alors enfermés chez eux, s’écoulant en grandes masses, avaient enflé toutes les rivières ; des digues s’étaient rompues, et la contrée au-dessous du château était devenue un véritable lac, où les ’ villages, les métairies, les maisons de campagne, grandes et petites, occupant les collines, s’élevaient encore comme des îles.

On était préparé à ces accidents, rares, il est vrai, mais imaginables : la baronne donna les ordres, et ses serviteurs les exécutèrent. Après avoir prêté à tout le monde la première assistance, on fit cuire du pain, on abattit des bœufs ; des barques allèrent ça et là portant des secours et des provisions de tous côtés. Tout se passa fort bien ; ce qu’on donnait avec plaisir fut reçu avec joie et reconnaissance. Il n’y eut qu’un village où l’on ne voulut pas se fier aux officiers municipaux, qui faisaient la distribution : Flavio se chargea de l’affaire, et se rendit promptement et heureusement sur les lieux, avec une barque bien chargée. La chose, fort simple en elle-même, et simplement traitée, réussit parfaitement. Passant plus loin, notre jeune homme s’acquitta d’une commission qu’Ililarie lui avait donnée à son départ. Au moment de l’inondation, une femme était accouchée ; elle inspirait à la jeune fille un intérêt particulier. Flavio trouva sa demeure, et rapporta ses remerciements au château, avec ceux de toutes les personnes qu’il avait visitées. Cela ne pouvait manquer de donner lieu à une foule de récits. Personne n’avait péri, mais on rapportait beaucoup de délivrances merveilleuses, d’événements singuliers, amusants et même risibles ; plusieurs cas de détresse furent décrits d’une manière intéressante. Tout à coup Hilarie sentit un désir irrésistible d’entreprendre à son tour une course en bateau, de visiter la pauvre femme en couches, de lui porter des présents, et de passer quelques heures agréables.