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que les sentiments de ces trois femmes, chacune aimaMe à sa manière, s’étaient mis en harmonie avec la clarté qui les environnait, avec une chaleur bienfaisante, enfin avec la situation la plus agréable.


CHAPITRE V.

Des coups violents et des cris à la porte du château, des voix qui appelaient et répondaient avec menace, des flambeaux, dans la cour, interrompirent un doux chant d’Hilarie. Mais le vacarme fut étouffé avant qu’on en eût appris la cause : cependant la tranquillité n’était pas rétablie ; on entendait dans l’escalier un bruit et une vive altercation de gens qui montaient. La porte s’ouvrit brusquement, sans que personne fût annoncé ; les femmes furent saisies d’effroi : c’était Flavio, le lieutenant, dans un état épouvantable, les cheveux en désordre, hérissés d’horreur ou baignés de pluie et flottants, les habits déchirés, comme s’il se fût précipité à travers les épines et les ronces, couvert de fange, comme s’il fût arrivé à travers la vase et les marais.

« Mon père ! s’écria-t-il ; où est mon père ? »

Les femmes se levèrent éperdues ; le vieux chasseur, son plus ancien domestique et le gardien le plus dévoué de son enfance, entrant sur ses pas, lui répondit :

« Votre père n’est pas ici. Calmez-vous : voici la tante, voici la nièce. Voyez !

— Il n’est pas ici ? Eh bien, laissez-moi courir où il est. Lui seul doit l’entendre, et puis je veux mourir ! Laissez-moi fuir ces lumières, ce jour ! Il m’éblouit, il m’anéantit. »

Le médecin de la maison arriva ; il prit la main de Flavio, lui tùtant le pouls avec précaution : plusieurs domestiques les entouraient avec angoisse.