Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

« arriver à cette perfection, à cette magnificence inouïe. Je le " possède maintenant, mais je me dis à moi-même : « Je vou« drais qu’il ne fût pas encore achevé ; le travail était si beau ! »

Notre ami ne fut pas longtemps satisfait de cette imitation : il se reprochait d’avoir changé en un triste substantif la flexion élégante du fièrent, et il eut le chagrin de ne pouvoir, malgré tous ses efforts, corriger cet endroit. Sa préférence pour les langues anciennes en fut tout à coup ranimée, et l’éclat du Parnasse allemand, où il s’efforçait pourtant de gravir en silence, lui parut obscurci.

Mais enfin ce gracieux compliment, considéré sans comparaison avec le texte original, lui semblait tout à fait joli, et il pouvait croire qu’une femme l’accueillerait fort bien. Malheureusement, il lui vint un second scrupule : c’est que, des vers galants faisant toujours supposer un poète amoureux, il jouait là, comme futur beau-père, un rôle singulier. Le major fit, pour conclure, une réflexion beaucoup plus fâcheuse encore : dans ces vers, Ovide avait en vue Araclmé, ouvrière habile autant que jolie et charmante ; mais elle fut changée en araignée par Minerve jalouse, et c’était une chose suspecte de voir une belle femme comparée, même de loin, avec une araignée suspendue au centre d’un vaste filet. Dans la société spirituelle qui entourait notre veuve, il pouvait bien se trouver un savant qui éventerait cette imitation…. Comment notre ami se tira de cette difficulté, nous ne le savons pas, et nous compterons ce cas parmi ceux sur lesquels les Muses se permettent subtilement de jeter un voile. Il suffira de dire que le poème sur la chasse fut envoyé, et nous ajouterons ici quelques réflexions sur cet ouvrage.

Le lecteur y trouve avec plaisir l’expression d’un goût décidé pour la chasse et pour tout ce qui peut le favoriser ; les diverses saisons qui le provoquent et l’éveillent offrent les plus agréables tableaux ; les instincts particuliers des divers animaux que l’on poursuit et dont on menace la vie, les différents caractères des chasseurs qui se livrent à ce plaisir, à cette fatigue, les incidents qui les favorisent ou leur nuisent, tout, et particulièrement ce qui avait rapport au gibier à plumes, était traité avec le plus heureux badinage et la plus grande originalité.

Depuis les amours du coq de bruyère jusqu’au deuxième pas-