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La suite des peintures principales, aussi bien que les rapports des peintures accessoire^ qui les accompagnaient au-dessus et au-dessous, donnèrent tant à réfléchir au voyageur, qu’il entendait à peine les remarques importantes par lesquelles son guide paraissait plutôt détourner son attention que la Gxer sur les objets.

Cependant l’ancien saisit l’occasion de dire :

« Je dois signaler un autre avantage de la religion juive : c’est qu’elle n’incorpore son Dieu dans aucune forme, et nous laisse, par conséquent, la liberté de lui donner une noble figure humaine, et de représenter, en contraste, la mauvaise idolâtrie par des figures de bêtes et de monstres. »

Une courte promenade dans cette galerie avait fait revivre pour Wilhelm l’histoire du monde ; il y trouvait çà et là du nouveau sous le rapport des événements : ainsi le rapprochement des peintures, les réflexions du guide firent naître chez lui quelques vues nouvelles, et il s’applaudissait de ce qu’avec une si belle suite d’images, Félix graverait, pour toute sa vie. ces grands et mémorables événements dans sa mémoire, comme s’ils se fussent passés à côté de lui. Il finit par ne plus considérer ces tableaux qu’avec les yeux de son enfant, et, de la sorte, il en fut complétement satisfait.

En poursuivant leur marche, ils étaient parvenus aux temps malheureux et troublés, à la destruction de la ville et du temple, au massacre, au bannissement, à l’esclavage de cette nation persévérante. Ses destinées subséquentes étaient sagement représentées d’une manière allégorique, car une représentation historique et réelle sort des limites de l’art.

Là se terminait tout d’un coup la galerie qu’ils avaient parcourue, et Wilhelm fut surpris de se voir déjà au bout.

« Je trouve, dit-il à son guide, une lacune dans ces fastes historiques : vous avez détruit le temple de Jérusalem et dispersé le peuple, sans produire l’homme divin, qui, peu de temps auparavant, enseignait dans ce temple, et que les Juifs ne voulurent pas écouter.

— Faire ce que vous demandez aurait été une faute. La vie de l’homme divin que vous désignez n’est point liée avec l’histoire universelle de son temps : ce fut une vie privée ; son en-