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dans l’espace principal, Abraham, que ses dieux visitent sous la forme de beaux adolescents, et, d«ans la frise au-dessus, Apollon parmi les bergers d’Admète : par où nous pouvons apprendre que, si les dieux apparaissent aux hommes, d’ordinaire ils passent au milieu d’eux sans en être remarqués. »

Wilhelm, en poursuivant sa revue, trouva le plus souvent . des sujets connus, mais représentés d’une manière plus vive et plus frappante qu’on ne le fait d’ordinaire. 11 exprima le désir d’avoir sur quelques-uns des éclaircissements, et il ne put s’empêcher de demander encore une fois pourquoi l’on avait choisi l’histoire des Juifs, de préférence à toutes les autres..

L’ancien répondit :

« Parmi toutes les religions ethniques, celle des Juifs, qui n’est pas autre chose, a de grands avantages, dont je mentionnerai seulement quelques-uns. Devant le tribunal ethnique, devant le tribunal du Dieu des nations, on ne demande pas si c’est la nation la meilleure, la plus excellente, mais si elle subsiste, si elle s’est maintenue. Le peuple israélite n’a jamais valu grand’chose, comme ses guides, juges, chefs ou prophètes, le lui ont mille fois reproché ; il a peu de vertus, et il a presque tous les défauts des autres peuples : mais il n’a pas son pareil en indépendance, en fermeté, en courage, et, si c’est trop peu de tout cela, en ténacité ; c’est la nation la plus obstinée de la terre ; elle est, elle fut, elle sera, pour célébrer dans tous les temps le nom de Jéhovah : aussi l’avons-nous présentée comme la figure modèle, la figure principale, à laquelle les autres ne servent que de cadre.

— Il ne m’appartient pas de disputer avec vous, reprit Wilhelm, car vous êtes en état de m’instruire : veuillez donc me faire connaître les autres avantages de ce peuple, ou plutôt de son histoire, de sa religion.

— Un avantage essentiel, c’est l’excellente collection de ses livres saints. Ils sont si heureusement rassemblés, qu’avec les éléments les plus étrangers, ils offrent un ensemble décevant ; ils sont assez complets pour satisfaire, assez fragmentaires pour piquer la curiosité ; assez barbares pour irriter, assez humains pour apaiser : et que d’autres qualités opposées ne pourrait-on pas encore célébrer dans ces livres, dans ce livre ! »