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— Mais pouvez-vous m’expliquer le sens de cette gradation ? car je vois bien que c’en est une.

— C’est à mes supérieurs de vous répondre : cependant je puis vous assurer que ce ne sont pas de vaines grimaces ; que l’on en donne, au contraire, aux enfants, sinon le sens le plus élevé, du moins une explication intelligible, mais qu’il est ordonné à chacun de garder pour lui ce qu’on juge convenable de lui répondre ; ils doivent s’abstenir d’en causer soit avec les étrangers, soit entre eux ; si bien que l’instruction se modifie de mille manières. D’ailleurs le secret offre de grands avantages : car, si l’on dit d’emblée et toujours à l’homme ce dont il s’agit, il suppose qu’il ne reste plus rien à découvrir. 11 est certains secrets, fussent-ils même révélés, auxquels il faut rendre hommage par la réserve et le silence, car cela influe sur la modestie et les bonnes mœurs.

. — Je vous comprends, répondit Wilhelm : pourquoi ce qui est si nécessaire dans les choses corporelles ne serait-il pas aussi pratiqué dans celles qui appartiennent à l’intelligence ? Mais peut-être vous sera-t-il permis de satisfaire sur un autre point ma curiosité. La grande variété de la coupe et de la couleur des habits me surprend, et pourtant je ne vois pas ici toutes les couleurs : j’en vois quelques-unes seulement, depuis les nuances les plus claires jusqu’à la plus foncée. Cependant j’observe qu’on ne peut avoir eu en vue de marquer les degrés de luge ou du mérite, car les enfants de tout âge indistinctement peuvent porter des habits de même coupe et de même couleur, et ceux qui saluent avec les mêmes gestes ne sont pas semblables entre eux par le vêtement.

— Je ne puis non plus m’ouvrir sur ce point, répondit l’inspecteur ; mais je serais bien trompé, si vous nous quittiez sans avoir reçu des éclaircissements sur tout ce que vous pouvez désirer. »

Ils continuaient d’aller il la recherche du supérieur, dont ils croyaient avoir trouvé la trace. Wilhelm dut remarquer avec surprise qu’à mesure qu’ils avançaient dans le pays, ils entendaient plus distinctement des chants harmonieux. Tout ce que faisaient les enfants, tous les travaux auxquels on les trouvait occupés, ils les faisaient en chantant ; les chants paraissaient