tacle plus étrange encore se produisit à ses yeux : tous les enfants, quelque fût leur travail, l’interrompirent, et se tournèrent vers les cavaliers passants, avec des gestes particuliers, mais différents les uns des autres, et il était facile de juger que c’était un hommage rendu au surveillant. Les plus jeunes se croisaient les bras sur la poitrine, et levaient les yeux au ciel avec l’expression de la joie ; ceux d’âge moyen tenaient leurs bras derrière le dos, et regardaient la terre en souriant ; les aînés se redressaient avec un air d’assurance, les bras pendants ; ils tournaient la tête à droite, et formèrent une file, tandis que les autres demeuraient isolés à la place où on les rencontrait.
Les cavaliers s’étant ajrrêtés, et ayant mis pied à terre en un lieu où de nombreux enfants se présentaient, dans différentes attitudes, devant le surveillant, qui les passait en revue, Wilhelm demanda ce que signifiaient ces gestes. .
Félix, sans attendre la réponse, s’écria gaiement :
« Quelle position faut-il que je prenne ?
— Commencez toujours, répondit le surveillant, par croiser les bras sur la poitrine avec une douce gravité, les yeux levés vers le ciel et le regard immobile. »
Félix obéit, mais il dit bientôt :
« Cela ne me plaît guère : je ne vois rien là-haut. Cela doit-il durer longtemps ?… Mais si ! dit-il avec joie :je vois deux éperviers, qui volent de l’occident à l’orient. N’est-ce pas un bon présage ?
— C’est selon que tu le prendras, répondit le surveillant ; maintenant, va te mêler parmi ces enfants et fais comme ils font. »
L’inspecteur donna un signal ; les enfants quittèrent leur attitude, et retournèrent à leurs occupations ou jouèrent comme auparavant.
’ Voulez-vous et pouvez-vous, dit Wilhelm, m’expliquer ce qui provoque ici mon étonnement ? Je vois bien que ces gestes, ces attitudes, sont des salutations par lesquelles on vous accueille.
— Parfaitement : des salutations qui m’indiquent d’abord le degré d’instruction auquel chaque enfant est parvenu.