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maintes industries. Plus tard, tout ce qu’il nous adressa pendant ses voyages était toujours du travail le plus élégant, le plus ingénieux, le plus fin, le plus délicat, et portait le cachet du pays où il se trouvait et qu’il nous fallait deviner. On pouvait en conclure qu’il était et serait toujours un homme d’un caractère sec, nullement sympathique, absorbé par les objets extérieurs ; dans la conversation, il n’était pas non plus disposé à se livrer aux réflexions générales de l’ordre moral : mais, sans qu’il y parût et qu’il en fit montre, il possédait un sens pratique, merveilleusement fin, du bien et du mal, de ce qui méritait l’éloge ou le blâme, tellement que je ne l’ai jamais vu se mal conduire envers les jeunes ou les vieux, envers ses supérieurs ou ses inférieurs. Mais cette délicatesse naturelle, mal réglée comme elle l’était, dégénéra, dans le détail, en fantasque faiblesse ; il pouvait même se créer des devoirs imaginaires et se reconnaître parfois débiteur sans nécessité.

« Toute sa conduite^ pendant son voyage, et surtout les précautions qu’il prend pour son retour, me font croire qu’il imagine avoir offensé quelque femme de notre entourage, sur le sort de laquelle il éprouve aujourd’hui une inquiétude, dont il se sentirait affranchi et délivré, dès qu’il pourrait apprendre qu’elle est heureuse…. Angéla vous dira le reste. Prenez cette lettre, mon ami, et préparez à notre famille une heureuse réconciliation. A parler franchement, je souhaiterais le revoir encore une fois dans ce monde et le bénir avant mon départ. »


CHAPITRE XI.

Lorsque Wilhelm eut rempli exactement, et en détail, sa commission, Lénardo lui dit en souriant :

« Je vous suis fort obligé pour tout ce que j’apprends par