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cabinet, où il fut bien surpris de voir Félix assis devant une table, occupé à écrire ; et il ne pouvait d’abord s’expliquer l’énigme de cette application inattendue. Mais il devina bientôt, lorsque Angéla lui découvrit que l’enfant consacrait à cet exercice tous les moments où il pouvait s’esquiver, et qu’il avait déclaré que tout son désir était de savoir bientôt écrire et monter à cl îeval.

Angéla conduisit ensuite notre ami dans une chambre, où il put voir de nombreux manuscrits rangés en bon ordre dans des armoires autour de la salle. Les titres, par leur variété, annonçaient les matières les plus diverses ; un ordre intelligent brillait dans ces dispositions. Quand Wilhelm signala ces avantages, Angéla en attribua le mérite à l’ami de la maison, qui savait régler et déterminer, avec une rare intelligence, non-seulement la distribution générale, mais encore, dans les cas difficiles, les intercalations. Ensuite elle chercha les manuscrits qu’on avait lus la veille, et permit au curieux voyageur de les consulter, ainsi que tous les autres, et même d’en prendre copie.

Mais notre ami dut en user avec mesure, car il y avait surabondance de richesses attrayantes et désirables ; il jugea surtout précieux les cahiers de courtes sentences, à peine liées entre elles ; résumés qui ont l’apparence du paradoxe, quand nous ne connaissons pas leur origine, mais qui nous forcent a revenir en arrière, au moyen de recherches et de découvertes en sens inverse, et à nous représenter de loin, de bas en haut, s’il est possible, la filiation de ces pensées.

Les motifs que nous avons présentés plus haut ne nous permettent pas non plus d’insérer ici ces maximes : mais nous saisirons la première occasion qui s’offrira, et nous saurons présenter en son lieu un choix des trésors amassés par Wilhelm dans ces écrits.

Le malin du troisième jour, il se rendit auprès d’Angéla, et, se présentant avec quelque embarras :

« Je dois partir aujourd’hui, lui dit-il, et recevoir les derniers ordres de l’excellente dame, auprès de laquelle je n’ai pu être admis hier de tout le jour. Et maintenant j’ai, dans le secret de mon cœur, quelque chose dont je voudrais bien être éclairci. Accordez-moi cette grâce, s’il est possible.