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Lucidor lui tendit la sienne.

« Nous sommes dans notre parc, dit Julie ; nous sommes do retour, et voilà comme je ferai le tour du monde et comme je reviendrai. Nous nous reverrons. »

Ils étaient arrivés devant la salle du jardin : elle semblait déserte. La société, impatientée de voir si longtemps différé le moment de se mettre à table, faisait un tour de promenade. Mais Antoni et Lucinde parurent ; Julie s’élança de la voiture au-devant de son amant. Elle le remercia par les plus tendres caresses, et des larmes de joie s’échappèrent de ses yeux. Une teinte vive anima les joues du noble voyageur, ses traits s’épa-’ nouirent, ses yeux humides brillèrent d’un vif éclat, et, sous l’enveloppe de l’âge mûr, parut un imposant et beau jeune homme.

Puis les deux couples rejoignirent la société, avec des sensations que ne saurait donner le plus beau rêve.


CHAPITRE X.

Le père et le fils, accompagnés d’un jockey, venaient de traverser une agréable contrée, quand le domestique, s’arrêtant à la vue d’une haute muraille, qui paraissait enfermer une vaste enceinte, pria les voyageurs de mettre pied à terre, parce qu’on ne laissait entrer aucun cheval dans cet enclos. Ils approchèrent du portail, ils sonnèrent, la porte s’ouvrit, sans qu’aucune figure humaine se montrât, et ils s’avancèrent vers un vieil édifice, qu’ils voyaient briller à travers les troncs antiques de chênes et de hêtres. Il présentait un étrange aspect : car, si vieux qu’il parût par sa forme, on eût dit qu’il sortait de la main des maçons et des tailleurs de pierre, tant les jointures et les orne ments paraissaient nouveaux, nets et complets.