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DE W1LHELM MEISTER. 533

CHAPITRE VI.

La société s’était de nouveau réunie, et nos amis se virent obligés de couper court a leur entretien.

Quelques moments après, on annonça un courrier, qui demandait à remettre une lettre à Lothaire en main propre. Le courrier fut amené c’était un homme robuste et de bonne mine ; sa livrée était riche et de bon goût. Wilhelm crut le reconnaître, et il ne se trompait point c’était le même homme qu’il avait envoyé naguère i la poursuite de Philine et de la prétendue Marianne, et qui n’était pas revenu. Il allait lui adresser la parole, quand Lothaire, qui venait de lire la lettre, dit au courrier, d’un air sérieux et presque mécontent

ce Comment se nomme ton maître ? »

Le courrier répondit d’un ton réservé

C’est, de toutes les questions qu’on pourrait m’adresser, celle à laquelle il m’est le plus difficile de répondre. J’espère que la lettre vous dira le nécessaire je n’ai reçu aucune commission de vive voix.

Quoi qu’il en soit, dit Lothaire en souriant, puisque ton maître me montre assez de confiance pour m’écrire une pareille facétie, il sera chez nous le bienvenu.

Il ne se fera pas attendre longtemps, dit le courrier, en faisant la révérence, et aussitôt il s’éloigna.

Ecoutez, dit Lothaire, la folle et ridicule missive de notre inconnu !

« Comme la bonne humeur est de tous les hôtes le plus agréable, lorsqu’elle se présente, et que je la promène partout avec moi comme compagnon de voyage, je suis persuadé que Votre gracieuse Seigneurie ne verra point de mauvais œil la