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DE WILHELM MEISTER. 495

un entoure ia jeune nue, on i onserve, on la touche et on l’interroge.

« Es-tu un ange ? demanda un enfant.

Je le voudrais.

Pourquoi portes-tu un lis à la main ?

Oh ! si mon cœur était pur et ouvert comme lui ! Alors je serais heureuse.

Comment tes ailes sont-elles faites ? Laisse-nous-les voir. Elles sont l’emblème de plus belles, qui ne sont pas déployées encore. »

« C’est avec cette gravité qu’elle répondit à toutes ces questions innocentes et légères. Quand la curiosité de la petite troupe fut satisfaite, et que l’effet de cette apparition parut s’affaiblir, on voulut déshabiller Mignon elle s’y refusa, prit sa guitare, monta sur cette haute table à écrire, et chanta quelques strophes, avec une grâce admirable.

« Laissez-moi paraître, en attendant que je sois. Ne m’ôtez pas la robe blanche. Je fuis la belle terre, et descends dans l’inviolable demeure.

Là je sommeillerai un peu de temps, puis mes yeux ranimés s’ouvriront je quitterai ma blanche tunique, ma ceinture et ma couronne.

« Et les figures célestes ne me demanderont point si je suis homme ou femme, et nuls voiles, nuls vêtements, n’envelopperont mon corps glorifié.

«A la vérité, j’ai vécu sans soins et sans peine, cependant j’ai senti d’assez profondes douleurs j’ai vieilli de chagrin avant l’âge faites-moi renaître jeune pour toujours ! »

« Je résolus aussitôt, poursuivit Nathalie,. de lui laisser sa robe, et j’ordonnai qu’on lui en fit quelques-unes de pareilles elle n’en porte plus d’autres maintenant, et, sous ce nouveau costume, à ce qu’il me semble, elle a pris une expression toute nouvelle.

La nuit étant déjà avancée, Nathalie se sépara de son nouvel hôte, qui ne s’éloigna pas sans inquiétude.

Est-elle mariée ? "se disait-il.

Chaque fois qu’il avait aperçu quelque mouvement, il avait craint de voir une porte s’ouvrir et le mari paraître. Le dômes