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DR WILHELM MKÎSTER. 493

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aame, assise derrière un écran qui la tenait dans i omore, était occupée à lire.

< : Oh ! si c’était elle se disait-il, en ce moment décisif. Il posa sur ses pieds Félix, qui semblait s’éveiller, et il voulait s’approcher de la dame ; mais l’enfant, cédant au sommeil, s’affaissa sur lui-même. La dame se leva et s’avança au-devant de Wilhelm. C’était l’amazone ! 11 ne fut pas maître de lui, tomba à genoux et s’écria C’est elle ! 11 lui prit la main et la baisa avec transport. L’enfant était couché entre eux sur le tapis et dormait doucement.

On le porta sur le canapé ; Nathalie s’assit a côté de lui ; elle invita Wilhelm à prendre un siège auprès d’elle. Elle lui offrit quelques rafraîchissements, qu’il refusa, tout occupé à s’assurer que c’était bien elle, à considérer attentivement ses traits, que l’écran tenait dans l’ombre, et à la reconnaître avec certitude. Elle lui parla de la maladie de Mignon, lui dit que l’enfant était lentement consumée par quelques sentiments profonds ; qu’avec sa grande sensibilité, qu’elle dissimulait, son pauvre cœur éprouvait’souvent des crampes violentes et dangereuses ; que parfois ce premier organe de la vie s’arrêtait tout à coup, dans les émotions imprévues, et qu’on ne pouvait apercevoir dans le sein de l’aimable enfant aucune trace de battements réguliers quand cette crampe douloureuse était passée, le retour de la force vitale se manifestait chez elle par de violentes pulsations, et la tourmentait par l’excès d’activité, comme elle avait souffert auparavant par le défaut.

Wilhelm se souvint d’une scène pareille, et Nathalie s’en remit au docteur, qui lui parlerait plus amplement de la chose, et lui exposerait avec plus de détails la raison pour laquelle on avait appelé l’ami et bienfaiteur de l’enfant.

« Vous trouverez en elle, poursuivit Nathalie, un singulier changement elle porte maintenant ces habits de femme, pour lesquels elle semblait avoir auparavant une si grande horreur. Comment l’avez-vous obtenu d’elle ? dit Wilhelm. Si c’est un changement favorable, nous ne le devons qu’au hasard. Voici comment la chose s’est passée. Vous savez peutêtre que je suis toujours entourée d’un certain nombre de jeunes filles, que je cherche à former au bien, tandis qu’elles gran