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486 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

et la rendre seule arbitre de son sort. il ne se tit aonc aucun scrupule de se dérober, du moins dans cette circonstance importante, a ses gardes et ses surveillants.

CHAPITRE II.

La lettre fut à peine expédiée, que Lothaire revint. Chacun s’applaudit de voir arrangées, et bientôt conclues les importantes affaires qu’on avait préparées Wilhelm était impatient de voir comment des fils si nombreux seraient noués ou déliés, et son propre sort fixé pour l’avenir. Lothaire salua tous ses amis avec la plus grande cordialité.

Il était complétement rétabli, et son air joyeux annonçait l’homme qui sait ce qu’il doit faire, et que nul obstacle n’empêchera d’accomplir sa volonté.

Wilhelm fut incapable de répondre à sa cordialité. « Voila, se disait-il, l’ami, l’amant, le fiancé de Thérèse, que tu songes à supplanter. Crois-tu pouvoir jamais effacer ou dissiper l’impression qu’il a faite ? » n

Si la lettre n’avait pas été en chemin, peut-être ne l’aurait-il pas expédiée. Heureusement le dé était jeté ; déjà peut-être Thérèse était décidée, et la distance couvrait seule encore de son voile une heureuse conclusion. La victoire ou la défaite serait bientôt connue. Il cherchait à se tranquilliser par toutes ces réflexions, et cependant les mouvements de son cœur étaient presque fiévreux. Il ne pouvait donner que peu d’attention à l’importante affaire à laquelle tenait, en quelque façon, sa fortune tout entière. Ah quand la passion le possède, combien l’homme trouve insignifiant tout ce qui l’environne, tout ce qui le touche

Heureusement pour Wilhelm, Lothaire traita cette affaire avec