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Wilhelm reconnut aisément l’étranger avec lequel il s était entretenu à l’auberge dans la nuit fatale.

« Peut-être, poursuivit cet homme, serons-nous plus tôt d’accord aujourd’hui sur le destin et le caractère. »

Wilhelm voulait répondre, quand le rideau se referma brusquement.

« Chose étrange’. se dit-il à lui-même. Les événements fortuits auraient-ils un enchaînement, et ce que nous nommons le destin ne serait-il que le simple hasard ? Où peut se trouver la collection de mon grand-père ? Et pourquoi m’en fait-on souvenir dans ces moments solennels ? »

Il n’eut pas le loisir de rêver plus longtemps le rideau se rouvrit, et il vit paraître un homme, qu’il reconnut sur-lechamp pour le pasteur de campagne qui avait fait la promenade sur l’eau avec lui et la troupe joyeuse. Il ressemblait à l’abbé, et pourtant ce n’était pas la même personne. Avec un visage serein, et une voix imposante, il prit la parole en ces termes

« Le devoir de l’instituteur des hommes n’est pas de les garantir d’erreur, mais de les diriger lorsqu’ils s’égarent ; laisser même le disciple boire l’illusion à longs traits, telle est la sagesse du maître. Celui qui ne fait que tremper ses lèvres dans l’erreur la ménage longtemps ; il la chérit comme un rare bonheur mais celui qui vide la coupe apprend à connaître son égarement, à moins qu’il ne soit un insensé.

Le rideau se ferma de nouveau, et Wilhelm eut le temps de réfléchir à ces paroles.

« De quelle erreur cet homme veut-il parler, se disait-il, sinon de celle qui m’a poursuivi toute ma vie, quand je cherchai le perfectionnement moral où je ne pouvais le trouver ; quand je m’imaginais pouvoir acquérir un talent pour lequel je n’avais pas la moindre disposition ? »

Le rideau s’écarta plus vivement ; un officier parut et dit en passant

« Apprenez à connaître les hommes en qui l’on peut avoir confiance. »

Le rideau se ferma et Wilhelm n’eut pas besoin de réfléchir longtemps pour reconnaître, dans cet officier, celui qui l’avait