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DE WILHELM MEISTER. 471

longue lettre. Ils en avaient échangé quelques-unes ; mais, comme ils ne pouvaient s’entendre, ils avaient fini par ne plus s’écrire. Maintenant Wilhelm s’était rapproché de son ami ; il se disposait à faire ce que Werner désirait si fort ; il pouvait dire x Je quitte le théâtre et je m’associe à des hommes dont la société doit me conduire, de toute manière, à une activité pure et tranquille. Il demanda l’état de son bien, et il s’étonnait luimême d’avoir pu si longtemps n’en prendre aucun souci. Il ne savait pas que c’est le propre de tous les hommes qui s’occupent beaucoup de leur culture morale, de négliger absolument les intérêts matériels. Wilhelm s’était trouvé dans ce cas, et il sembla reconnaître, cette fois, que, pour agir d’une manière soutenue, il avait besoin de moyens extérieurs. Il partit avec de tout autres sentiments que dans sa première visite à Lothaire ; les perspectives qui s’offraient à lui étaient ravissantes, et il espérait être sur le chemin du bonheur.

CHAPITRE IX.

A son arrivée au château, il trouva un grand changement. Jarno vint à sa rencontre avec la nouvelle que l’oncle était mort, et que Lothaire était parti pour aller prendre possession de l’héritage.

t Vous arrivez à propos, lui dit-il, pour nous aider, l’abbé et moi. Lothaire nous a chargés d’acheter des terres considérables dans notre voisinage la chose se préparait depuis longtemps, et nous trouvons à propos de l’argent et du crédit. La seule difficulté, c’est qu’une maison de commerce étrangère avait déjà des vues sur ces mêmes biens. A présent, nous sommes, purement et simplement, décidés à faire cette opération avec elle autrement nous aurions enchéri sans nécessité et sans raison.