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444 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGH

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constamment laissé la parole la prochaine fois, votre devoir sera de me montrer la même sincérité.

Pendant son retour, notre ami eut tout Je loisir de rêver à cette nouvelle et radieuse apparition. Quelle confiance elle lui avait inspirée Il songeait comme Mignon et Félix seraient heureux sous une telle surveillance. Puis il songeait à lui-même, et il sentait quelles délices on goûterait à vivre auprès d’une femme si naturelle et si pure. Comme il approchait du château, la tour avec les nombreuses galeries et les bâtiments accessoires le frappèrent plus qu’auparavant, et il résolut d’entamer ce sujet avec Jarno ou l’abbé, à la première occasion.

CHAPITRE VII.

Wilhelm trouva Lothaire en pleine convalescence. Le médecin et l’abbé étaient absents. Jarno seul était resté. Au bout de peu de temps, le malade put sortir à cheval, tantôt seul, tantôt avec ses amis. Son langage était sérieux et doux, sa conversation instructive et charmante. On y remarquait souvent les traces d’une douce sensibilité, qu’il cherchait à dissimuler, et, lorsqu’elle se montrait malgré lui, il semblait presque la condamner.

Un soir, à souper, il gardait le silence, mais son visage était serein.

Vous avez eu sans doute une aventure aujourd’hui, lui dit Jarno, et une aventure agréable.

Comme vous connaissez votre monde ! répondit Lothaire. Oui, il m’est arrivé une aventure très-agréable. Dans un autre temps peut-être ne m’aurait-elle pas semblé aussi charmante qu’aujourd’hui, qu’elle m’a trouvé si facile à émouvoir. Vers le soir, je suivais à cheval, sur l’autre bord de la rivière, à tra