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DE WHjHELM MEISTER. 439

mes Dfjoux, et je 1 ouvre en présence de Lothaire. A peine a-t-il jeté les yeux dans l’intérieur, qu’il voit un médaillon, avec un portrait de femme. Il le prend, le considère avec attention et me dit vivement

c Quel est ce portrait ?

Celui de ma mère.

J’aurais juré, s’ëcria-t-il, que c’était celui d’une dame c< de Saint-Alban, que je rencontrai en Suisse, il y a quelques « années.

C’est la même personne, répliquai-je en souriant, et vous avez fait, sans le savoir, la connaissance de votre belle-mère. ’< Saint-Alban est le nom romanesque sous lequel ma mère « voyage. Elle le porte encore en France, où elle se trouve main« tenant.

« Je suis le plus malheureux des hommes ! D s’écria-t-il en rejetant le portrait dans la boîte, et, portant sa main sur ses yeux, il sortit de la chambre aussitôt. Il s’élança sur son cheval. Je courus au balcon et je le rappelai. Il se retourna, il me dit adieu de la main et il s’éloigna au galop. Je ne l’ai pas revu. »

Le soleil allait disparaître ; Thérèse regardait fixement le ciel embrasé, et ses beaux yeux se remplirent de larmes. Elle gardait le silence et posa ses mains sur celles de son nouvel ami ; il les baisa avec une tendre pitié ; Thérèse essuya ses pleurs et se leva.

Retournons, dit-elle, prendre soin de nos gens.

Pendant le retour, la conversation ne fut pas animée. Ils arrivèrent à la porte du jardin et aperçurent Lydie assise sur un banc. Elle se leva, et, pour les éviter, elle se retira dans la maison. Elle tenait un papier à la main, et deux petites filles étaient auprès d’elle.

Je vois, dit Thérèse, qu’elle porte toujours avec elle son unique eonsolat’ion, la lettre de Lothaire. Son amant lui promet qu’aussitôt qu’il sera guéri, elle retournera vivre auprès de lui. Il la prie, en attendant, de demeurer tranquille chez moi. Elle s’attache à ces mots, se console avec ces lignes ; mais les amis de Lothaire sont mal notés chez elle.

Les deux enfants s’étaient approchés ils saluèrent Thérèse.