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DE WILHELM MEJSTER. 435

icnce ue mon u’iompne, a aumni plus que je vis nien, à toutes les circonstances qu’il ne m’avait point en vue, qu’au fond il ne me connaissait point. Je ne me souviens pas d’avoir éprouvé de ma vie une impression plus agréable, qu’en voyant un homme que j’estimais tant, donner la préférence, non pas à ma personne, mais à mon caractère et à mes qualités. Quelle récom. pense pour moi ! quel encouragement ! l

Quand la compagnie se fut retirée, ma respectable amie me dit en souriant

« C’est dommage que les hommes ne mettent pas souvent à K exécution leurs pensées et leurs paroles ; sans cela nous au<~ rions trouvé un excellent parti pour ma chère Thérèse, -o « Je répondis en badinant, qu’à la vérité la raison des hommes cherchait de bonnes ménagères, mais que leur cœur et leur imagination désiraient d’autres qualités ; et que nous autres ménagères, nous ne pouvions aucunement lutter contre d’aimables et charmantes jeunes filles. Ces derniers mots s’adressaient à Lydie, car elle ne cachait point que Lothaire avait fait sur elle une grande impression, et, à chaque nouvelle visite, il paraissait plus occupé d’elle. Elle n’avait ni bien, ni naissance elle ne pouvait espérer de devenir sa femme, mais elle ne pouvait résister au plaisir d’inspirer et de sentir l’amour. Je n’avais jamais aimé et je n’aimais pas encore ; mais, bien qu’il me fût infiniment agréable de voir l’estime que faisait de mon caractère un homme si respecté, je dois avouer que cela ne suffisait pas pour me satisfaire. Je souhaitais maintenant qu’il pût apprendre à me connaître et s’intéresser à ma personne. Je formai ce vœu, sans arrêter ma pensée aux conséquences qui pouvaient en résulter.

a Leplus grand service qne je rendais à ma bienfaitrice était de régler l’exploitation de ses belles forêts. Ces précieuses possessions, dont le temps et les circonstances augmentent toujours la valeur, avaient été malheureusement administrées avec l’ancienne routine aucun plan, aucune méthode les vols -et les malversations n’avaient point de fin. Plusieurs montagnes étaient dépouillées, et les plus anciennes coupes étaient seules de même croissance. Je vis tout par mes yeux avec un homme habile, je fis arpenter les forêts, je fis couper, semer, planter, et, en peu