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434 LES ANNEES D’APPRENTISSAGE

« ment aux affaires du dehors ; qu’il doit acquérir et conserver le bien ; qu’il prend part même à l’administration de l’État ; x qu’il est partout esclave des circonstances, et, je pourrais dire, « ne gouverne rien, alors qu’il croit gouverner ; qu’il se voit « forcé d’être toujours politique, quand il voudrait être raison<. nable, dissimulé, au lieu d’être ouvert, faux, au lieu d’être « sincère ; tandis qu’en poursuivant un but qu’il n’atteint ja« mais, il renonce au résultat le plus beau, savoir d’être en « harmonie avec soi-même une sage ménagère règne vérita« blement dans la maison, et développe, dans une famille en’< tière, le plaisir et l’activité. Est-il pour la créature humaine un plus grand bonheur que d’accomplir ce que nous savons K être juste et bon ? de nous sentir maîtres des moyens d’at« teindre notre but ? Et nos intérêts les plus proches, où doivent-ils, où peuvent-ils être, si ce n’est dans l’intérieur de la maison ? Tous les besoins indispensables et toujours renaissants, où faut-il les attendre et les chercher, si ce n’est sous le toit où l’on se couche et’, l’on se lève, où la cuisine et la cave « et toute sorte de provisions doivent être toujours prêtes pour «nous et pour les nôtres ? Quelle activité régulière n’est pas « nécessaire, pour imprimer à cet ordre, sans cesse renaissant, « une marche animée, invariable ? Qu’ils sont en petit nombre, « les hommes auxquels il est donné de revenir régulièrement, K comme un astre, et de présider au jour comme à la nuit ; de se former d’utiles instruments, de planter et de semer, de con« server et de dépenser, et de parcourir constamment ce cercle « avec calme, avec amour et sagesse’ C’est lorsqu’une fois la femme s’est chargée de ce gouvernement intérieur, qu’elle K rend maître chez lui le mari qu’elle aime ; elle acquiert par « son attention toutes les connaissances, et par son activité elle sait les mettre à profit. Elle ne dépend de personne, et pro« cure à son mari la véritable indépendance, celle du foyer do« mestique ; ce qu’il possède, il le voit bien gardé ; ce qu’il acquiert, bien employé, et, par là, il peut tourner sa pensée « vers de grands objets, et, si la fortune le favorise, il peut être pour l’Etat ce que sa femme est si bien pour sa maison. « La-dessus Lothaire fit le portrait de la femme qu’il voudrait pour lui. Je rougis, car c’était ma fidèle image. Je jouis en si