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DE WILHELM MEISTER. 425

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Dora par mine soucis et mille lantaisies, puis par cette désagréable commission. Je m’en suis chargé avec dévouement, car j’ai cru devoir, même contre mon inclination particulière, prêter mon concours à cette société d’hommes excellents. Pendant que son hôte discourait ainsi, Thérèse l’avait observé avec une grande bienveillance.

« Oh ! qu’il est doux, s’écria-t-elle, d’entendre une autre bouche exprimer nos propres sentiments Comme il est vrai de dire que, pour devenir parfaitement nous-mêmes, il faut qu’un autre nous donne complétement raison ! Je pense sur Lothaire exactement comme vous. Tout le monde ne lui rend pas justice en revanche, tous ceux qui le connaissent intimement en sont enthousiastes, et le douloureux sentiment qui se mêle dans mon cœur à son souvenir ne peut m’empêcher de penser à lui tous les jours. »

Un soupir gonfla sa poitrine, comme elle disait ces mots, et des larmes brillèrent dans ses beaux yeux.

« Nous avons prononcé, poursuivit-elle, le mot de ralliement de notre amitié apprenons le plus tôt possible à nous connaître l’un l’autre complétement. L’histoire de chacun est le miroir de son caractère. Je vous raconterai ma vie ; accordez-moi aussi quelque confiance, et, même éloignés l’un de l’autre, restons unis. Le monde est si désert, quand il n’offre à notre pensée que des montagnes, des fleuves et des villes ! Mais de savoir quelqu’un çà et là qui sympathise avec nous, avec qui nous continuons à vivre par la pensée, voilà seulement ce qui fait pour nous de ce globe un jardin vivant.

Thérèse sortit, en promettant de venir bientôt prendre Wilheim pour la promenade. Elle avait fait sur lui l’impression la plus agréable il lui tardait de l’entendre parler de sa liaison avec Lothaire.

Elle le fit appeler. Elle sortait de sa chambre et venait au-devant de lui. Comme ils descendaient, l’un après l’autre, l’escalier étroit et assez roide, elle lui dit

"L Tout cela serait plus grand et plus large, si j’avais voulu prêter l’oreille aux offres de votre généreux ami mais, pour rester digne de lui, je dois demeurer attachée à ce qui m’a valu son estime.