Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée

324 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

fond de la seconde chambre, dans les bras d’un jeune officier, en uniforme rouge et pantalon blanc, mais dont ils ne purent t voir le visage. Philine courut au-devant de ses amis dans Is vestibule, et ferma la porte de la chambre,

« Vous me surprenez, dit-elle, au milieu d’une merveilleuse aventure.

Pas si merveilleuse, dit Serlo. Faites-nous connaître ce beau jeune ami, si digne d’envie. Vous nous avez si bien formés tous deux, que nous n’oserions pas être jaloux.

Je veux vous laisser quelque temps ce soupçon, dit-elle en riant, mais je puis vous assurer que cette personne est une bonne amie, qui veut passer quelques jours chez moi sans être connue. Vous apprendrez son sort plus tard ; peut-être même ferez-vous la connaissance de cette intéressante jeune fille, et j’aurai lieu sans doute de mettre alors en pratique ma complaisance et ma modestie car je crains, messieurs, que cette nouvelle connaissance ne vous fasse oublier votre ancienne amie. ])

Wilhelm était pétriné dès le premier coup d’oeil, l’uniforme rouge lui avait rappelé le costume sous lequel il aimait tant à voir sa chère M~ianne. C’était sa tournure, c’étaient ses cheveux blonds ; seulement, l’officier lui semblait être un peu plus grand.

« Au nom du ciel, s’écria-t-il, faites-nous mieux connaître votre amie ; laissez-nous voir cette jeune personne déguisée. Nous voilà dans le secret ; nous vous promettons, nous vous jurons de le garder ; mais laissez-nous voir cette jeune fille. Comme il s’enflamme ! Calmez-vous, patience, vous ne saurez rien aujourd’hui.

Eh bien, dites-nous seulement son nom.

Ce serait alors un beau secret !

Du moins le prénom.

Soit, si vous le devinez ! Je vous le donne en trois, mais pas plus, autrement vous me feriez passer en revue tout le calendrier.

Bien ! Cécile peut-être ?

Point de Cécile.

Henriette ?