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322 LES AXNËES D’APPRENTISSAGE

A ces derniers mots, il était arrivé vers la porte du jardin, qui donnait sur une rue écartée : la trouvant fermée, il voulut franchir le mur, en grimpant aux espaliers ; mais Wilhelm le retint, et lui parla avec bonté. Le vieillard le pria d’ouvrir la porte, parce qu’il voulait et devait fuir. Notre ami lui représenta qu’il pourrait bien sortir du jardin, mais non de la ville, et lui montra combien il se rendrait suspect par une semblable démarche. Peine inutile ! Le vieillard persistait dans sa résolution. Wilhelm ne lui céda point, et finit par l’entraîner, avec une certaine violence, dans le pavillon, où ils eurent ensemble un entretien bizarre, que nous passerons sous silence, afin de ne pas fatiguer nos lecteurs par des idées incohérentes et des impressions pénibles.

CHAPITRE XV.

Tandis que Wilhelm ne savait que résoudre au sujet du malheureux vieillard, qui donnai’, des marques si évidentes de folie, Laërtes vint, le matin même, le tirer d’embarras. Fidèle à sa vieille habitude de se trouver partout, il avait vu au café un homme qui avait éprouvé, quelque temps auparavant, les plus violents accès de mélancolie. On l’avait remis à un pasteur de campagne, qui se vouait particulièrement à traiter ce genre de maladie. Cette fois encore, il avait bien réussi il était alors en ville, où la famille du malade guéri lui faisait la plus honorable réception.

Wilhelm courut à sa recherche, et, l’ayant trouvé, il lui exposa le cas, et se mit d’accord avec lui. On sut inventer un prétexte pour lui remettre le malade. Ce fut pour Wilhelm une séparation très-douloureuse, que l’espérance de voir le vieillard rétabli put seule lui rendre un peu supportable, tant il