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308 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

CHAPITRE XI.

La matinée et l’après-midi s’écoulèrent promptement. Déjà la salle était pleine, et Wilhelm se hâtait de s’habiller. Il ne pouvait mettre son costume aussi commodément que la première fois qu’il l’avait essayé. Lorsqu’il parut au foyer, les dames s’écrièrent tout d’une voix que rien n’était à sa place, le beau panache était dérangé, la boucle n’allait pas bien on se mit à coudre, à découdre, à rajuster. La symphonie avait commencé : Philine redressait encore quelque chose à la fraise et Aurélie aux plis du manteau.

« Laissez-moi, enfants que vous êtes ! disait-il. Cette négligence fera de moi un véritable Hamlet. »

Les dames ne le quittaient pas et continuaient à l’ajuster. La symphonie avait cessé, et la pièce était commencée. Il jeta un coup d’œil au miroir, enfonça son chapeau sur ses yeux et se remit un peu de fard.

A ce moment, quelqu’un accourut en s’écriant Le fantôme ! le fantôme ! »

Wilhelm n’avait pas eu, de tout le jour, le temps de songer à son grand souci, de savoir si le spectre paraîtrait. Maintenant il était rassuré, et l’on pouvait s’attendre au plus étrange auxiliaire. L’inspecteur du théâtre survint, demandant ceci et cela ; Wilhelm n’eut pas le temps de chercher des yeux le fantôme ; il courut se ranger auprès du trône, où le roi et la reine, environnés de leur cour, brillaient déjà dans toute leur magnificence. Il n’eut que le temps d’entendre les derniers mots d’Horatio, qui parlait, avec le plus grand trouble, de l’apparition du spectre, et semblait presque avoir oublié son rôle.

Le rideau se leva, et Wilheim voyait devant lui la salle rem