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DE WILIIELM MEISTER. 307

prise, il vit devant le lit une paire de pantoufles, l’une debout, l’autre posée à terre. C’étaient les pantoufles de Philine, qu’il ne connaissait que trop bien. Il crut voir aussi dans les rideaux quelque désordre ; même ils lui semblèrent s’agiter. Il s’arrêta, le regard immobile.

Une nouvelle émotion, qu’il prit pour du dépit, lui ôtait la respiration, et, après une courte pause, pendant laquelle il s’était remis, il dit avec fermeté

<~ Levez-vous, Philine ! Que signifie cela ? Qu’est devenue votre sagesse, votre bonne conduite ? Voulez-vous nous rendre demain la fable de la maison ?

Rien ne remuait.

« Je ne plaisante pas, poursuivit-il. Ces agaceries sont trèsmal adressées. D

Pas un souffle, pas un mouvement.

Résolu et mécontent, il marcha droit au lit et ouvrit brusquement les rideaux.

Levez-vous, dit-il, ou je vous laisserai la chambre pour cette nuit. »

A sa grande surprise, il trouva son lit vide, les coussins et les couvertures dans le plus bel ordre. Il regarda autour de lui, il chercha, fouilla partout, et ne trouva pas une trace de la friponne. Derrière le lit, derrière le poêle, les armoires, il n’y avait personne ; il cherchait encore et encore. Un témoin malin aurait pu croire qu’il cherchait pour trouver.

Il n’avait pas la moindre envie de dormir. Il posa les pantoufles sur la table, se promena en long et en large, s’arrêtant quelquefois devant la table ; et un malin génie, qui le guettait, nous assure qu’il s’occupa, une grande partie de la nuit, des pan, toufles mignonnes ; qu’il les contemplait avec un certain intérêt, les maniait, jouait avec elles, et que, vers le matin seulement, il se jeta tout habillé sur son lit, où il s’endormit avec les plus étranges visions. Il sommeillait encore, quand Serlo entra dans sa chambre et s’écria

Où êtes-vous ? Encore au lit ! Impossible ! Je vous cherchais au théâtre, où nous avons encore bien des choses à faire, x