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286 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

CHAPITRE V.

Wilhelm s’était occupé depuis longtemps d’une traduction d77a ? ?~ ; il s’était servi, à cet effet, de l’ingénieux travail de Wieland, par lequel il avait appris d’abord à connaître Shakspearé’. Il rétablit les passages supprimés, et il se trouva de la sorte en possession d’un exemplaire complet, au moment ou il venait de s’accorder si bien avec Serlo sur le remaniement. Alors il se mit à retrancher et interpoler, à séparer et réunir, à changer et souvent à restituer ; car, si satisfait qu’il fût de son idée, il lui semblait toujours, dans l’exécution, qu’il ne faisait que gâter l’original.

Aussitôt qu’il eut achevé, il lut son travail à Serlo et à la troupe. Ils s’en montrèrent fort satisfaits, et surtout Serlo, qui fit quelques réflexions favorables.

« Vous avez parfaitement senti, dit-il entre autres choses, que des circonstances étrangères accompagnent la pièce, mais qu’elles doivent être plus simples que le grand poëte ne nous les a montrées. Ce qui se passe hors du théâtre, ce que le spectateur ne voit pas, ce qu’il doit se représenter, est comme un fond devant lequel se meuvent les personnages. La grande et simple perspective de la flotte et de la Norvège produira pour la pièce un très-bon effet. Si on la retranchait, il ne resterait

1. Wieland traduisit (1762-1766) les Œuvres dramatiques de Shakspeare ; sa traduction, retouchée par Eschenbourg, est aisée et naturelle. Trente ans plus tard, Wilhelm Schlegel fit une traduction plus complète et plus approfondie du poëte anglais, et son travail fut achevé par L. Tieck en 1833. On le regarde comme un chef-d’œuvre. Les beautés et les défauts de Shakspeare sont reproduits avec une scrupuleuse fidélité ; le langage et la versification sont conservés jusque dans leurs moindres détails.