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DE WILHELM MEISTEH. agi

un en vint à la signature des engagements, et, par une inexplicable association d’idées, au moment où Wilhelm écrivait son nom supposé, il se rappela soudain la place de la forêt où il était blessé, couché sur le sein de Philine ; la belle amazone sortit du bois, montée sur son cheval blanc ; elle s’approcha de lui et mit pied à terre ; elle allait et venait avec une ardeur compatissante enfin elle s’arrêta devant lui ; le manteau tomba de ses épaules ; son visage, toute sa personne, resplendit puis elle disparut. Il écrivit son nom machinalement, sans savoir ce qu’il faisait, et ne s’aperçut qu’après avoir signé, que Mignon était à son côté, qu’elle le tenait par le bras, et avait essayé doucement d’arrêter sa main.

CHAPITRE IV.

Une des conditions auxquelles Wiihehn entrait au théâtre lui avait été accordée par Serlo, mais non sans restriction. Notre ami désirait qu’7/am~ fût joué tout entier et sans coupures Serlo promit de satisfaire a cette singulière demande, « pour autant qu’il serait possible.. Ils avaient eu jusqu’alors, a ce sujet, plusieurs débats ; car, sur ce qui était possible ou ne l’était pas, et sur ce qu’on pouvait retrancher de la pièce sans la mutiler, ils étaient d’avis très-différents.

Wilhelm était encore a l’âge heureux ou l’on ne saurait concevoir que la femme adorée, que le poëte admiré, puissent avoir le moindre défaut. Le sentiment qu’ils nous inspirent est si entièrement d’accord avec lui-même, que nous sommes conduits à voir en eux aussi cette complète harmonie. Serlo, en revanche, décomposait volontiers, et peut-être à l’excès. Son coup d’œil pénétrant ne voyait d’ordinaire dans une œuvre d’art qu’un tout plus ou moins imparfait. Il croyait qu’on avait peu