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entendaient distinctement une troupe de cavaliers, montant le chemin qu’ils avaient eux-mêmes suivi, et les jeunes filles craignirent qu’une nouvelle bande de ces hôtes fâcheux ne vînt fouiller la place et glaner après les autres.

Quelle agréable surprise pour elles, quand elles virent déboucher des buissons une dame montée sur un cheval blanc, accompagnée d’un vieux seigneur et de quelques cavaliers ! Des piqueurs, des domestiques et quelques hussards venaient à la suite.

Philine, toute saisie à cette vue, allait élever la voix pour implorer le secours de la belle amazone, mais déjà cette dame tournait ses regards avec surprise vers ce groupe singulier, et aussitôt elle dirigea son cheval de leur côté, accourut et s’arrêta près d’eux. Elle commença par s’enquérir vivement de l’état du blessé, dont la posture, sur les genoux de la légère Samaritaine, parut singulièrement l’étonner.

« Est-ce votre mari ? dit-elle à Philine.

Ce n’est qu’un intime ami, » répondit-elle, d’un ton qui déplut fort à Wilhelm.

Il avait fixé ses regards sur la figure imposante et douce, calme et compatissante, de la voyageuse ; il ne croyait pas avoir jamais rien vu de plus noble et de plus aimable. Sa taille était cachée par un large manteau d’homme elle l’avait apparemment emprunté à quelqu’un de ses compagnons de voyage, pour se garantir de la brise du soir.

Les cavaliers s’étaient approchés à leur tour. Quelques-uns mirent pied à terre ; la dame en fit autant, et, avec une tendre pitié, elle demanda tous les détails de la funeste aventure que les voyageurs avaient rencontrée ; mais elle s’informa surtout des blessures du jeune homme, qu’elle voyait gisant. Puis elle se retourna vivement, et se rendit, avec le vieux seigneur, aux voitures qui montaient lentement la côte, et faisaient halte sur la place du combat.

Après que la jeune dame se fut arrêtée un moment a la portière d’une des voitures, et eut échangé quelques mots avec les survenants, un homme d’une taille ramassée descendit, et la dame le conduisit près de notre héros. La petite boîte qu’il portait à la main et sa trousse de cuir, garnie d’instruments, le firent