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DE WILHELM MEISTER. 207

qu’il fallait pour mépriser des courtisans perfides et volages et se jouer d’eux avec moquerie. Il était doux dans ses manières, simple dans sa conduite, et, sans se complaire dans l’oisiveté, il recherchait peu le travail.

« Il semblait continuer à la cour sa douce vie d’Université. Il avait plutôt la gaieté du caprice que celle du caractère ; il était d’un aimable commerce, facile, modeste, prudent ; il savait pardonner une offense et l’oublier ; mais il ne pouvait s’accorder avec quiconque passait les bornes du juste, du bien et des convenances.

« Si nous relisons l’ouvrage ensemble, vous jugerez si je suis sur la bonne voie. J’espère du moins pouvoir justifier mon opinion par des passages de la pièce. »

On applaudit bruyamment à cette peinture ; on crut prévoir que désormais la conduite d’Hamlet s’expliquerait parfaitement ; on goûta fort cette manière de pénétrer dans l’esprit de l’auteur ; chacun se proposa d’étudier de même quelque pièce et de développer la pensée de l’écrivain.


CHAPITRE IV.

À peine la troupe eut-elle passé quelques jours dans la petite ville, qu’il s’offrit à plusieurs de ses membres des aventures assez agréables. Laërtes se vit en butte aux agaceries d’une dame, qui avait un château dans le voisinage ; mais il lui témoigna une extrême froideur, et même une impolitesse, qui lui attira force railleries de Philine. Elle en prit occasion de raconter à notre ami la malheureuse histoire d’amour qui avait rendu le pauvre jeune homme ennemi de toutes les femmes.

Qui pourrait trouver mauvais, dit-elle, qu’il haïsse un sexe qui s’est joue de lui si cruellement, et qui lui a fait boire, d’un