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avec son esprit. Wilhelm, à qui l’attention de l’enfant faisait grand plaisir, lorsqu’il était de sang-froid, s’arrêta peu cette fois à ce qu’elle lui montrait : elle s’en aperçut, et en fut d’autant plus affligée, qu’elle croyait avoir très-bien fait ce jour-là.

L’inquiétude poussa Wilhelm dans les corridors ; il montait il descendait, et il retourna bientôt à la porte d’entrée. À ce moment, arriva au galop un cavalier de bonne mine, et qui, dans l’âge mûr, paraissait très-vert encore. L’aubergiste courut au-devant de lui, et lui tendit la main comme à une ancienne connaissance, en s’écriant :

«  Eh ! monsieur l’écuyer, on vous revoit donc une fois !

— Je ne veux que donner l’avoine à mon cheval, dit l’étranger : je dois me rendre sans tarder au château, pour faire tout préparer bien vite. Le comte et la comtesse y seront demain ; ils y séjourneront quelque temps, pour recevoir de leur mieux le prince de ***, qui établira probablement dans le pays son quartier général.

— C’est dommage que vous ne puissiez rester chez nous, reprit l’aubergiste : nous avons bonne compagnie. »

Un piqueur, arrivé au galop, prit le cheval de l’écuyer, qui s’entretenait avec l’hôte sur le seuil de la porte et paraissait observer Wilhelm.

Wilhelm, s’apercevant que l’on parlait de lui, s’éloigna, et se promena dans quelques rues.

Chapitre XIII

Dans la pénible inquiétude qu’il éprouvait, l’idée lui vint d’aller à la recherche du vieillard, espérant que sa harpe chasserait les mauvais esprits. Sur les informations qu’il demanda, il fut adressé à une méchante auberge, dans une ruelle écartée,