Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée

danse, qui n’était autre que le fandango, jusqu’à ce qu’il sût le jouer, Elle lui avait même offert quelque argent pour sa peine, mais il n’avait pas voulu l’accepter.

Chapitre IX

Après une nuit inquiète, que notre ami passa, tantôt dans l’insomnie, tantôt tourmenté par des songes pénibles, dans lesquels il voyait Marianne, d’abord dans toute sa beauté, puis avec l’aspect de l’indigence, ou bien un enfant sur les bras, enfin dépouillée de ce gage d’amour, le jour naissait à peine, que Mignon entra, suivie d’un tailleur. Elle portait du drap gris et du taffetas bleu, et déclara, à sa manière, qu’elle désirait une veste neuve et un pantalon à la matelote, comme elle en avait vu aux enfants de la ville, avec des parements et des rubans bleus.

Depuis la perte de Marianne, Wilhelm avait renoncé à toutes les couleurs gaies ; il ne portait que du gris, le vêtement des ombres ; seulement une doublure bleu de ciel, ou un petit collet de la même couleur, animait un peu ce modeste habillement. Mignon, impatiente de porter les couleurs de Wilhelm, pressa le tailleur, qui promit de livrer bientôt son travail. Les leçons de danse et d’escrime que notre ami prit de Laërtes ce jour-là allèrent médiocrement. Elles furent d’ailleurs bientôt interrompues par l’arrivée de Mélina, qui fit voir, en entrant dans de grands détails, qu’une petite troupe était maintenant réunie, avec laquelle on pourrait jouer bon nombre de pièces. Il adressa encore à Wilhelm la demande d’avancer quelques fonds pour l’établissement, et Wilhelm témoigna de nouveau son irrésolution.

Là-dessus Philine et les jeunes filles arrivèrent en riant et