Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’hui toute poudreuse et à demi ruinée, s’extasiaient devant la lumière chatoyante des coquilles artistement rangées ; et le connaisseur lui-même contemplait d’un œil ébloui la galène et les coraux. On admirait aussi, dans la salle, la peinture qui représente des messieurs et des dames en grande toilette, se promenant dans le jardin, et s’offrant et tenant les fleurs du bout des doigts. Et qui donc regarderait cela maintenant ? Dans mon chagrin, c’est à peine si j’y vais encore, car il faut que tout soit autrement et de bon goût, comme ils disent ; et les palissades blanches et les bancs de bois, tout est simple et uni ; on ne veut plus de dorure ou de ciselure ; à présent, c’est le bois étranger qui coûte le plus. Certes je serais charmé de me donner aussi quelque chose de nouveau, de marcher aussi avec le temps et de changer souvent mes meubles : mais chacun redoute de toucher même à la moindre chose. En effet, qui suffirait aujourd’hui à payer les ouvriers ? Dernièrement il m’était venu à l’esprit de faire redorer l’ange Michel qui sert d’enseigne à ma pharmacie, ainsi que l’horrible dragon qui se roule à ses pieds ; et puis je le laissai bruni comme il est : le prix demandé m’effraya. »

EUTERPE.

La Hère et le Fila.

C’est ainsi que les voisins discouraient ensemble. Cependant la mère alla d’abord chercher son fils devant la maison, où il avait coutume de s’asseoir sur le banc de pierre. Ne l’ayant pas trouvé là, elle se rendit à l’écurie, pour voir s’il ne pansait point lui-même les magnifiques étalons, qu’il avait achetés encore