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qu’ils s’en aillent contents de chez moi ; je sais me rendre agréable aux étrangers : mais je prétends aussi qu’une bellelille ait pour moi des. prévenances et qu’elle adoucisse mes grandes fatigues ; je veux qu’elle me joue aussi du clavecin : je veux que le beau monde et la meilleure société de la ville se réunissent avec plaisir chez moi, comme on fait, le dimanche, dans la maison du voisin. »

Alors Hermann pressa doucement le loquet et sortit de la chambre.

THALIE.

Les Bourgeois.

Ainsi le fils modeste se déroba à ces violents propos ; mais le père continua* comme il avait commencé.

« Ce que l’homme n’a pas en lui ne saurait non plus en sortir, et j’aurai de la peine à voir jamais l’accomplissement de mon vœu le plus cher, que le fils ne soit pas égal, mais supérieur à son père. Que serait en effet la maison, que serait la ville, si chacun ne pensait toujours avec plaisir à conserver, à renouveler, et même à perfectionner, selon que le temps et l’étranger nous instruisent ? L’homme ne doit pas, je pense, pousser hors de terre comme un champignon, et pourrir aussitôt à la place qui l’a produit, sans laisser aucune trace de sa vie active. On reconnaît d’abord clairement, à l’apparence de la maison, le caractère du maître ; tout comme, quand on entre dans une petite ville, on en juge les autorités. Si les tours et les murailles tombent en ruine ; si les immondices s’entassent dans les fossés et se répandent dans toutes les rues ; si les pierres