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s’appellent Moneta et Denarius. S’ils condamnent, c’est une chose dite. Voilà comme on pratique à Rome maintes ruses et finesses, dont le pape ne sait rien. Il faut se faire des amis. Par eux on pardonne les péchés et l’on relève les peuples de l’anathème. Reposez-vous lù-dessus, mon digne oncle. Le roi sait depuis longtemps que je ne vous laisserai pas tomber. Je viendrai à bout de votre affaire : j’en ai le pouvoir. Il peut d’ailleurs songer que les singes et les renards ont beaucoup de parents, qui sont ses meilleurs conseillers, et cela vous servira certainement, quoi qu’il arrive. »

Reineke répondit

« Cela me rassure beaucoup. Je vous en témoignerai ma reconnaissance, pourvu que j’en réchappe cette fois. »

Ils prirent congé l’un de l’autre. Reineke, sans autre escorte que Grimbert, le blaireau, se rendit a la cour du roi, où l’on était mal disposé pour lui.

CHANT NEUVIEME.

Reineke était arrivé à la cour ; il songeait à détourner les accusations qui le menaçaient : mais lorsqu’il vit assemblés ses nombreux ennemis, comme tous étaient là, et comme ils demandaient tous qu’on les vengeât et qu’on le punît de mort, le courage lui manqua ; il hésita. Cependant il passa tout droit avec audace au milieu des barons ; Grimbert s’avançait à ses côtés. Ils parvinrent au trône du roi, et Grimbert dit tout bas :

  • Ne vous laissez pas intimider, Reineke. Songez quo le poltron n’a pas le bonheur en partage ; l’audacieux cherche le danger et y prend plaisir : le danger l’aide à sortir d’embarras. »