Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/115

Cette page n’a pas encore été corrigée

moi, et, quoi que ce*fùt, je devrais le faire aussitôt qu’il l’aurait commandé. Nous pouvons essayer de conclure peut-être un accommodement avec nos ennemis. »

Reineke dit ensuite :

« Ermeline, ma femme, gardez bien nos enfants (je vous le recommande), surtout Reinhart, le plus jeune de tous. Sa petite bouche est si joliment endentée ! J’espère qu’il sera toute l’image de son père. Voici encore Rossel, le fripon, qui ne m’est pas moins cher. Oh ! prenez soin de nos enfants pendant mon absence : j’en serai reconnaissant, si je reviens heureux et si vous m’avez obéi. »

II partit donc avec Grimbert, son compagnon ; il laissa dame Ermeline avec ses deux fils et fit diligence. 11 quittait la maison sans prendre conseil ; la renarde en était affligée.

Les deux piétons n’avaient pas fait une petite lieue, que Reineke dit à Grimbert :

« Mon très-cher oncle, mon digne ami, je vous le confesse, je tremble de crainte. Je ne puis me défaire de la pénible et alarmante pensée que je vais assurément au-devant de la mort. Tous mes nombreux péchés se représentent devant moi. Ah ! vous ne pouvez croire l’inquiétude que je sens. Laissez-moi me confesser. Écoutez-moi. 11 n’y a pas d’autre prêtre dans le voisinage. Quand j’aurai déchargé mon cœur, je ne m’en présenterai pas devant mon roi avec plus de désavantage.

— Commencez, dit Grimbert, par confesser les vols et les brigandages, toutes les mauvaises trahisons et vos autres artifices ordinaires, sinon la confession ne pourra vous servir.

— Je le sais, répondit Reineke. Laissez-moi donc commencer, et m’écoutez attentivement.

« Gonfiteor Tibi, Pater Et Mater, que j’ai joué bien des mauvais tours à la loutre et au chat et à d’autres encore. Je l’avoue, et je me soumettrai volontiers à la pénitence.

— Parlez français, afin que je comprenne, dit le blaireau.

— En vérité, dit le renard, comment pourrais-je le nier ? je me suis rendu coupable envers tous les animaux qui vivent aujourd’hui. Mon oncle, l’ours, je l’ai pris dans l’arbre ; il en a eu la tète saignante, et il a reçu cent coups de Mton. J’ai mené Hinze à la chasse des sourie : mais, pris au lacet, il a dû souf-