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CHANT TROISIÈME.

Ilinze, le chat, n’avait fait encore qu’un bout de chemin, lorsqu’il aperçut de loin un oiseau de Saint-Martin, et il lui cria :

« Noble oiseau, salut ! oh ! tourne tes ailes-et vole à ma droite ! »

L’oiseau vola et vint se percher à la gauche du chat, sur un arbre, pour chanter. Hinze fut très-affligé : il croyait entendre son malheur. Cependant il reprit courage, comme font bien d’autres. Il continua son chemin vers Maupertuis. Là il trouva Reineke assis devant la maison. Il le salua et lui dit :

  • Que le Dieu puissant et secourable vous donne le bonsoir ! Le roi menace votre vie, si vous refusez de me suivre à la cour, et il me charge en outre de vous dire : « Venez répondre en jus« tice à vos accusateurs ; autrement, votre famille en souffrira. »

Reineke répondit :

« Soyez le bienvenu, mon très-cher neveu. Puisse Dieu vous bénir selon mes souhaits ! »

Or il ne pensait pas ainsi dans son traître cœur ; il méditait de nouvelles ruses ; il voulait renvoyer à la cour le messager avec insulte. Appelant toujours le chat son neveu, il dit :

« Mon neveu, quel souper vous servirai-je ? On en dort mieux quand on est rassasié. Que je sois aujourd’hui votre hôte, nous irons demain ensemble à la cour. Tel est mon avtK. Je ne sais aucun de mes parents auquel je me fie plus volontiers. L’ours glouton était venu chez moi fièrement. Il est colère, il est fort, et, pour beaucoup, je n’aurais pas osé voyager à ses côtés. Mais vous entendez bien que j’irai volontiers avec vous. Nous partirons de bon matin. C’est ce qui me semble le plus à propos. »