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mais ma pratique est encore un peu confuse. Il en va pour moi comme pour tous mes frères.

Rome, 14 mars 1788.

Il sera impossible de penser à rien et de rien faire ici la semaine prochaine ; il faut suivre le torrent des fêtes. Après Pùques, je verrai encore quelques objets laissés en arrière, je déviderai mon fil, je réglerai mes comptes, je ferai mes malles et je partirai avec Kayser. Si tout va selon mes désirs et mes projets, je serai vers la fin d’avril à Florence. En attendant, vous aurez encore de mes nouvelles.

Il est fort singulier qu’une cause étrangère m’ait obligé de prendre diverses mesures qui m’ont placé dans de nouvelles relations, par lesquelles mon séjour à Rome est devenu toujours plus beau, plus profitable et plus heureux. Je puis même dire que j’ai goûté dans ces huit dernières semaines les plus hautes jouissances de ma vie, et que du moins je connais désormais un point extrême, d’après lequel je pourrai mesurer à l’avenir le thermomètre de mon existence.

Cette semaine s’est bien passée, en dépit du mauvais temps. Dimanche, nous avons entendu dans la chapelle Sixtinc un motet de Palestrina ; mardi, le bonheur voulut qu’on chantât dans un salon, en l’honneur d’une dame étrangère, divers morceaux de la musique de la semaine sainte. Nous l’entendîmes donc avec la plus grande commodité, et, comme nous l’avions déjà exécutée souvent sur le clavecin, nous pûmes nous en faire une première idée. C’est une œuvre d’une grandeur et d’une simplicité incroyables, dont la reproduction, sans cesse renouvelée, ne pouvait se maintenir nulle part que dans ce lieu et dans ces circonstances. Une observation plus attentive fait sans doute mettre de côté diverses traditions vulgaires, qui rendent cette œuvre étrange et inouïe ; néanmoins c’est toujours quelque chose d’extraordinaire et une idée toute nouvelle. Kayser pourra en rendre compte un jour. Il aura le privilège d’assistor à une répétition dans la chapelle, où d’ordinaire personne n’est admis.

De plus, cette semaine, j’ai modelé un pied, après une étude préalable des os et des muscles, et j’ai reçu les éloges de mon maître. Celui qui aurait ainsi travaillé tout le corps serait bien