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cette passion était plus vive encore dans le temps du carnaval, parce qu’elle ne pouvait se satisfaire qu’à cette époque. Actuellement, un théâtre au moins reste ouvert en été et en automne, et le public a de quoi se contenter un peu la plus grande partie de l’année.

Ce serait trop nous écarter de notre but que de nous engager ici dans une description détaillée des théâtres et des particularités que ceux de Rome peuvent offrir. Nos lecteurs se souviennent que ce sujet nous a occupé plus" d’une fois.

Nous aurons également peu de chose à dire des Festini, grands bals masqués, qui sont donnés quelquefois dans le théâtre Aliberti, magnifiquement éclairé. Li aussi le tabarro est regardé par les hommes et les dames comme le déguisement le plus convenable, et la salle est remplie de figures noires ; un petit nombre de masques à caractères y mêlent leur bigarrure. La curiosité n’en est que plus vive, quand on voit paraître quelques nobles figures, qui choisissent, mais plus rarement,-leur costume dans les diverses époques de l’art, et imitent en maîtres différentes statues qui se trouvent à Rome, comme, par exemple, des divinités égyptiennes, des prêtresses, Bacchus et Ariane, la Muse de la tragédie, la Muse de l’histoire, une ville, des vestales, un consul, plus ou moins bien reproduits et selon le costume.

Dans ces fêtes, les danses s’exécutent d’ordinaire en longues files à la mode anglaise, avec cette différence que, dans leurs tours, qui reviennent rarement, la plupart des danseurs expriment par leurs gestes quelque scène caractéristique, par exemple, deux amants qui se brouillent et se réconcilient, se séparent et se retrouvent.

Les Romains sont accoutumés par leurs ballets-pantomimes à une gesticulation très-marquée ; ils aiment aussi dans leurs danses de société une expression qui nous semblerait exagérée et affectée. Nul ne se permet de danser avec aisance, comme s’il avait appris les règles de l’art ; le menuet est surtout considéré comme un spectacle, et quelques couples seulement en donnent, pour ainsi dire, une représentation. Alors on fait cercle autour du couple dansant, on l’admire et, à la fin, on l’applaudit.