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élèves remportât le prix. Il s’ouvrait des paris, et la victoire était célébrée par un banquet. Dans les derniers temps, ce goût a beaucoup passé ; le désir d’obtenir de la gloire par ses chevaux est descendu dans la classe moyenne, et même dans la dernière classe du peuple.

C’est peut-être de ces derniers temps que date la coutume que la troupe des cavaliers, accompagnés de trompettes, promène pendant ces jours les prix dans Rome entière, entre dans les cours des grands seigneurs, et, après avoir sonné un air de trompette, reçoit un pourboire.

Le prix consiste en un morceau de drap d’or ou d’argent long de deux aunes e’t demie et large à peine d’une aune, qui, fixé comme une bannière à une hampe bariolée, flotte dans l’air, et porte, brochée en travers, à son extrémité inférieure, l’image de quelques chevaux courants. Ce prix est nommé le palio, et, autant de jours que dure le carnaval, autant de ces manières d’étendards sont promenés dans les rues de Rome par le cortège.

Cependant le Corso commence à changer d’aspect ; l’obélisque est désormais la limite de la rue. Un échafaudage à plusieurs rangs de sièges et de gradins est dressé devant, tourné en face du Corso. Devant les gradins sont dressées les barrières entre lesquelles on amènera les chevaux pour le départ. Des deux côtés sont élevés encore de grands échafaudages qui se rattachent aux premières maisons du Corso, et qui prolongent ainsi la rue dans la place. Des deux côtés des barrières sont de petites tribunes couvertes, pour les personnes qui doivent régler le départ des chevaux.

Le long du Corso on voit de même devant plusieurs maisons des échafaudages dressés. Les places de Saint-Charles et de la colonne Antonine sont séparées de la rue par des barrières, et tout marque suffisamment que la fête doit se renfermer et sera renfermée tout entière dans la longue et étroite rue du Corso.

Enfin le milieu de la rue est semé de pouzzolane, afin que les chevaux coureurs ne glissent pas aussi facilement sur le pavé poli.

L’attente se trouve donc ainsi entretenue et occupée chaque