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clairage aux flambeaux dégénère quelquefois en abus. Pour qu’il soit d’un heureux effet, il faut qu’on le ménage avec intelligence. Il est, en général, peu favorable aux ouvrages de l’ancien style, dont les auteurs, ne sachant rien d’om’jr-îs et de lumières, n’avaient compté pour leurs ouvrages ni sur la lumière ni sur l’ombre. »

Dans une occasion si solennelle, il est juste aussi que je fasse mention de M. Hirt, qui fut, de plus d’une manière, utile à notre cercle. Né dans le Furstenberg, en 1759, il se sentit, après avoir lu les anciens, entraîné à Rome par une pente irrésistible. Il y était arrivé quelques années avant moi ; il y avait fait une étude sérieuse des ouvrages anciens et modernes d’architecture et de sculpture, et s’était fait le guide des étrangers désireux de s’instruire. Il me montra la même complaisance, avec un affectueux dévouement.

Son étude principale était l’architecture. Ses vues théoriques sur l’art donnaient lieu souvent à de vives discussions dans cette Rome livrée aux disputes et aux partis. La diversité des vues amène, surtout dans ce lieu, où l’on parle des arts partout et sans cesse, mille contestations, rendues plus vives et favorisées par le voisinage d’objets si remarquables. Mais, comme l’art consiste dans l’action et non dans la parole, que cependant on parlera toujours plus qu’on n’agira, il est facile de comprendre que ces entretiens étaient alors interminables comme ils le sont encore aujourd’hui.

Si les dissentiments des artistes amenaient parfois des désagréments et même les éloignaient les uns des autres, ils provoquaient aussi de temps en temps des scènes plaisantes. Quelques artistes avaient passé ensemble l’après-midi au Vatican, et, comme il se faisait tard, aù’n de gagner leur logis par un chemin plus court, ils se retirèrent par la porte voisine de la colonnade et le long des vignes jusqu’au Tibre. Ils avaient disputé en chemin, ils arrivèrent disputant au bord du fleuve, et continuèrent vivement la conversation pendant la traversée. En débarquant à la Ripetta ils auraient dû se séparer, et les arguments qu’on avait encore- à présenter de part et d’autre se trouvaient étouffés à leur naissance : les artistes convinrent de rester ensemble, de repasser le fleuve et de donner cours à leur