Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/439

Cette page n’a pas encore été corrigée

faire. On ne voulait pas croire que j’eusse fait ce dessin, et pourtant ce n’est rien encore. Je vois très-bien maintenant jusqu où l’application peut s’étendre.

Lundi on retourne à Frascati, puis je pousserai peut-être jusqu’à Albano. Nous dessinerons assidûment d’après nature.

Rome, 22 septembre 1787.

Hier a eu lieu une procession dans laquelle on promenait le sang de saint François. J’observais les têtes et les visages tandis que les religieux de l’ordre défilaient.

J’ai acheté une collection de deux cents empreintes des meilleures gemmes antiques. C’est ce qu’il y a de plus beau dans ce genre ; et j’en ai choisi plusieurs à cause de leurs jolies pensées. On ne peut rien emporter d’ici de plus précieux, d’autant plus que les empreintes sont d’une netteté et d’une beauté extraordinaires. Que de trésors je rapporterai dans ma nacelle ! Mais, avant tout, un cœur joyeux, plus capable de goûter le bonheur que me réservent l’amour et l’amitié. Seulement je n’entreprendrai plus rien de ce qui dépasse le cercle de ma capacité, et où je m’épuise de travail sans aucun succès.

Je me Mte, mes chers amis, de vous envoyer encore une feuille par cette poste. La journée a été bien remarquable pour moi. Des lettres de la duchesse mère et de plusieurs amis, la nouvelle qu’on a fêté mon jour de naissance et enfin mes ouvrages ! J’éprouve une singulière impression à voir ces tendres volumes, résultat de la moitié de ma vie, me rejoindre à Rome. Je puis dire qu’il ne s’y trouve pas une lettre qui n’ait vécu, senti, joui, souffert, pensé : ils ne m’en parlent que plus vivement. Puissent les quatre volumes suivants ne pas rester inférieurs à ceux-ci 1 C’est mon souci et mon espérance. Je vous rends grâces pour tout ce que vous avez fait en faveur de ces feuilles, et je désire pouvoir vous obligera mon tour. Que votre fidèle amitié veuille aussi prendre soin des volumes suivants 1

Vous me taquinez au sujet des provinces, et j’avoue que l’expression est très-impropre ; mais on peut voir par là comme on prend à Rome l’habitude de tout concevoir en grand. Véritablement, il semble que je me nationalise, car on accuse les Romains de n’avoir l’idée et de ne savoir parler que de cose grosse.